Le Dojo kun

Certains voudraient attribuer la paternité du Dojo kun à Gichin Funakoshi mais l’histoire du Dojo Kun est cependant en grande partie inconnue. Funakoshi pratiquait la calligraphie comme loisir, mais personne n’a retrouvé de travail calligraphique existant d’un Dojo kun créé par Funakoshi. En outre, il n’y a aucune référence, livre ou texte du Dojo kun existant avant la deuxième guerre mondiale. Les livres écrits par Funakoshi ne contiennent absolument aucune mention d’un Dojo kun. Même son autobiographie, Karate- Dō, ma voie, ma vie, ne la mentionne pas.

Sakugawa « Shungo » Kanga (1733-1815), de son vrai nom Teruya Kanga, originaire de Akato Cho (ville de Shuri, Okinawa),est crédité comme étant le premier ayant créé un ensemble de principes qu’on doit suivre tout en étudiant le karaté, et fut repris par la suite dans tous les styles. Il est généralement considéré comme étant le premier maître « officiel » du Karate, ayant sorti l’enseignement du Karate du secret en ouvrant une école. Il est à l’origine du style Shuri-Te. Matsumura Sokon fut un de ses élèves les plus connus.

Le texte des cinq préceptes que nous avons aujourd’hui est probablement une composition de la JKA à l’époque de Nakayama et Okazaki. Le Dojo kun a vraisemblablement été rédigé afin de convaincre le Général Mac Arthur et les autorités alliées, de permettre au Japonais de continuer la pratique du karaté en dépit de l’interdiction de pratique des arts martiaux au Japon. Le site actuel de la JKA mentionne maintenant que le Dojo kun a été composé par les seniors de la JKA.

La forme du Dojo Kun peut varier d’un style à un autre style, d’un dojo à un autre, mais en général les valeurs et les principes de base concordent dans le plus grand respect. Sensei Higaonna (Goju Ryu) et Sensei Kanazawa (Shotokan ) à Tokyo,utilisent le même Dojo Kun où les cinq préceptes sont identiques mais non présentés dans le même ordre; c’est aussi le Dojo Kun utilisé par la Japan Karate Association.

Une caractéristique de l’entraînement dans un dojo de karaté au Japon, qui n’est pas souvent rencontré en Occident, est la récitation du Dojo Kun à la fin de l’entraînement. C’est un ensemble de règles enseignés aux enfants et aux débutants. Il n’est pas toujours récité à chaque pratique de karaté, et quand il y a un cours d’adulte, il n’est pas lu à haute voix.

Normalement, le Dojo Kun est récité après une courte période de méditation (mokuso) à la fin du cours. Les étudiants sont alignés par ordre de grade avec le professeur faisant face à l’avant ( Kamiza) où le Dojo Kun est parfois accroché. Le plus haut gradé dit seiza; les élèves s’assoient sur les genoux avec leurs pieds sous leur derrière avec un gros orteil sous l’autre gros orteil. Les genoux devraient être placés de sorte que deux poings côte à côte puissent s’y insérer. La procédure normale est que l’élève le plus gradé récite une ligne et que le reste de la classe la répète jusqu’à la fin de la séquence. Après le cinquième précepte, le senior dit « mokuso » et tous ferment leurs yeux pour méditer.

Après ces efforts donnés à l’entraînement, la méditation sert de transition pour nous ramener aux réalités de la vie quotidienne . Réciter le Dojo Kun en choeur au dojo sert à intégrer les idées et les concepts du karaté. C’est aussi un retour au calme après une séance d’entraînement. Il apaise et calme l’esprit et peut aider l’individu à s’interroger sur les motivations qui le mène dans cette voie.

Quand le moment de méditation est fini le senior dit mokuso yame. Les étudiants et les professeurs sont en position seiza vers l’avant (kamiza).
L’élève le plus gradé annonce le commandements :
Shomen ni rei, on salue le fondateur,puis le professeur se tourne pour faire face aux étudiants, le senior dit alors :
Sensei ni rei, les élèves et le professeur se saluent. Ensuite, on annonce le:
Otaga ni rei, c’est le salut collectif des élèves qui se remercie les autres de les aider à progresser dans leur apprentissage.
Ensuite, les pratiquants se lèvent par ordre de grade en commençant par les plus hauts gradés.

Ces cinq préceptes, permettent au karaté d’être perçu comme quelque chose de plus qu’une méthode de combat ou un sport de compétition moderne. Ignorer les concepts présents dans le Dojo kun aura à la longue un effet négatif, à la fois sur le pratiquant et sur l’évolution du karaté en général. Ils font parties des valeurs qui différencie l’art martial d’un simple sport.

Le terme Hitotsu, au début de chaque phrase, n’a pas une traduction directe et concise en français, et signifie « le plus important », « la chose fondamentale ».

Les cinq préceptes

Hitotsu! – Jinkaku kansei ni tsutomuru koto
一、人格完成に努むること
Chacun doit s’efforcer d’atteindre la perfection

Le but ultime du karaté do. Le premier précepte ne donne pas la priorité à la force, la vitesse, le niveau technique ou l’aptitude au combat, mais au perfectionnement du caractère de l’élève. C’est ce sur quoi insistait Maître Funakoshi Gichin dans ses écrits; il raconte une histoire dans laquelle il avait agit en tant que médiateur entre deux villages opposés. En demeurant calme et en agissant de manière contrôlée et rationnelle, Funakoshi proposa un compromis acceptable par les deux parties et la violence avait ainsi pu être évitée. Il considéra ceci comme une preuve que l’entraînement de karaté avait amélioré son caractère et l’avait rendu capable de trouver une solution pacifique. L’enseignement du karaté traditionnel vise à former le caractère de l’athlète et le respect de l’adversaire. Détermination, sincérité, effort, éthique sportive et contrôle de soi sont des valeurs importantes au dojo. Bref, un karatéka doit s’efforcer de rechercher le développement autant sur le plan philosophique que celui de la performance. Pour Funakoshi, au-delà d’un simple exercice combinant le physique et le mental, le Karate Dō est un mode de vie qui forge un tempérament capable de faire face à n’importe laquelle adversité de la vie courante. Les quatre règles suivantes sont nécessaires pour l’accomplissement de ce premier précepte.


Hitotsu! – Makoto no michi o mamoru koto
一、誠の道を守ること
Chacun doit être loyal et protéger la voie de la vérité

La Voie doit être vraie, honnête, c’est à dire ne pas être une méthode de complaisance. Il y a de nombreux enseignants qui réclament de hauts grades, niveaux … ceci sans aucune justification, pour des raisons commerciales ou pour flatter leur ego. Ceux qui ne démontrent pas de loyauté dans la recherche de la voie du karaté deviennent les victimes de leurs illusions. Soyez humble et fidèle à votre art martial, votre instructeur, vos seniors, vos partenaires d’entraînement, et tout ceux qui sont venus avant vous. Mais il est également nécessaire d’être fidèle à soi-même, sa famille, sa communauté, sa foi, son pays, et la planète. En étant honnête avec soi-même et les autres, vous agirez toujours avec la réponse appropriée à toute situation donnée.


Hitotsu! – Doryoku no seishin wo yashinau koto
一、努力の精神を養うこと
Chacun doit entretenir un esprit d’effort

Traditionnellement, les arts martiaux n’ont jamais été enseigné ou pratiqué simplement comme divertissement, ainsi la patience est nécessaire si l’étudiant veut éventuellement apprendre tous les aspects du karaté. Exécuter les mouvements ne suffira pas, vous devez avoir une compréhension de ce que vous pratiquez quand vous le pratiquez. Ceci exige une attention focalisée et l’engagement complet dans l’effort. La répétition des techniques de base, n’est pas un blocage à l’apprentissage, comme certains semblent le croire, mais il est aussi vrai qu’un tel entraînement n’est pas toujours très amusant. Ceci demande un effort soutenu et s’avère très difficile si vous désirez atteindre ce que vous croyez être vos limites. Pour y arriver, vous devrez persévérer et apprendre à développer votre patience. Un effort continu est la solution. Soyez patient, vous ne pouvez pas tout avoir tout de suite. En intelligence émotionnelle, on appelle ça retarder la satisfaction… Il s’agit donc d’apprendre à bien se connaître et chercher à devenir un meilleur individu, savoir faire et savoir être dans toutes les situations de la vie. Ce type d’engagement total devrait également être appliqué lorsque vous vous occupez de votre famille, ainsi que dans votre travail.


Hitotsu! – Reigi o omonzuru koto
一、礼儀を重んずること
Chacun doit respecter les autres et l’étiquette

Respecter les autres devrait être évident en soi. Il signifie simplement de pratiquer la courtoisie et de respecter l’étiquette appropriée. Agit envers ton prochain comme tu aimerais qu’on agisse envers toi. Vivez ensemble, améliorez vous ensemble. Nous bénéficions tous de la coopération. Respectez les autres dojos et les autres styles, un respect mutuel et une coopération est avantageux pour tous.


Hitotsu! – Kekki no yu o imashimuru koto
一、血気の勇を戒むること
Chacun doit se garder d’un courage impétueux

Développer le contrôle de soi, et s’abstenir de tout comportement violent, contrôler ses émotions est extrêmement important. Le meilleur combat sera toujours celui que l’on fuit, il est préférable d’éviter une confrontation que risquer de blesser gravement un autre être humain. Une action de légitime défense devrait seulement être prise quand aucun autre recours n’est possible, quand il n’y a aucune alternative.
Ceci semble être une contradiction du karaté pour les profanes, mais ici nous avons l’essence de la moralité des arts martiaux. La force doit être employé à des fin moralement correctes, comme l’ auto défense ou la protection d’un innocent. Dans ce sens, les actions des moines de Shaolin en développant des méthodes de combat pour protéger leur temple ou lutter contre les bandits étaient moralement acceptables à cette époque.



Le Dojo Kun montre le chemin vers les buts ultime de l’entrainement, le perfectionnement du caractère, la sincérité, l’effort constant, le respect des autres et la maîtrise de soi. Finalement, la technique est secondaire, c’est l’esprit individuel qui doit être éduqué et discipliné. En suivant sérieusement les techniques inhérentes à ces principes simples en apparence, l’étudiant peut commencer à faire des progrès dans la Voie du Karaté.

NIJU KUN, LES VINGT PRECEPTES DU MAITRE FUNAKOSHI GICHIN

1) Le KARATE-DO commence dès le salut, et ne finit qu’au salut

2) Se regarder comme un débutant, après la forme devient naturelle

3) Le KARATE-DO est un complément de Justice

4) Il n’y a pas lieu d’attaquer avant d’être soi-même attaqué

5) Il faut d’abord se connaître soi-même pour ensuite connaître l’autre

6) La technique mentale est plus importante que la technique physique

7) Il est nécessaire de garder l’esprit détaché

8) Le malheur provient de sa propre paresse

9) Ne pensez pas seulement au KARATE de Dojo

10) L’entraînement au KARATE-DO dure toute la vie

11) Essayez de trouver le KARATE-DO à partir des exemples de la nature

12) Le KARATE-DO, c’est comme l’eau chaude, si l’on éteint le feu, elle redevient froide

13) Ne pas penser « gagner », mais « ne pas perdre »

14) C’est en fonction de l’adversaire qu’il faut se modifier soi-même

15) Le combat, c’est la manoeuvre entre le vrai et le faux

16) Pensez que les mains et les pieds sont des couteaux

17) Dès que l’homme franchit le seuil de sa porte, un million d’ennemis le guettent

18) Le KATA doit être exécuté rigoureusement, le vrai combat c’est autre chose

19) N’oubliez pas le rythme et puissance, tension, relâchement, vitesse et lenteur de la technique

20) Toujours penser et inventer



Certaines sources de cette page :http://shotokancrsa.com

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